Je suis une fille un peu timide sur les bords. Un peu. Juste quand il ne faut pas. Lorsqu’il faut déposer son CV quelque part par exemple, je suis parfois en proie à une crise de timidité et mets les voiles arrivée en bas de mon ex-futur-lieu de travail.
Je bénis les concepteurs de la boite mail qui me facilitent bien la vie.
Puis j’ai commencé à travailler dans le commerce. Et malheureusement le jour rêvé où l’on communiquera par mail avec les clientes derrière une cloison n’est pas encore arrivé.
Je dois les affronter de face, avec le sourire, crise de timidité ou pas.
Alors je rencontre quelques problèmes. Le premier c'est que lorsqu’une cliente entre en boutique, ma timidité revient dès qu'elle touche le pas de la porte.
Je la vois d’abord s’attarder dehors, regarder longuement les mannequins. La vitre nous sépare encore, pourvu que ça dure et qu’elle prenne peur en voyant les prix si discrètement exposés. Mince elle jette un œil à travers la vitre. Elle hésite. Il n’y a personne et elle à peur de se faire happer par la vendeuse. Elle ne me connaît pas encore c’est normal. Elle se dirige vers la porte, entreprend de la pousser, la porte est lourde, elle y arrive quand même. Nooooooooooooooooooooooooooon
Bonjour Madame.
Le deuxième problème que je rencontre est qu’il faut servir TOUTES les clientes. Ce serait tellement plus facile de dire « oh non toi je n’ai pas envie la dernière fois tu m’as gonflée » ou « tu es tombée dans un lac de parfum/transpiration ce matin ? Désolée mais adresse-toi à ma collègue là j’ai l’estomac dans les chaussettes ».
Et bien ça ne marche pas comme ça malheureusement. Les personnes seraient moins susceptibles le monde tournerait moins de travers.
Il me faut donc servir toutes les clientes, même celles avec qui j’ai un problème de langage. Ayant parfois quelques classes sociales d’écart avec elles, nous avons un problème de vocabulaire et d’accent plus ou moins mondain qui ne me facilite guère les choses. Je les sers comme je peux et nous ne nous comprenons qu’une fois arrivées à la caisse puisque le langage de l’argent et les grimaces lorsque j'annonce les prix sont universels.
Il y a aussi les très pressées, celle qui ont le 4x4 garé devant, les novices, les expérimentées, les habituées, les adorables … Certaines donnent lieu à des situations singulières, parfois fantasques ...
C'est un excellent exercice de savoir s'adapter à chacunes même si ce n'est pas toujours facile.
Dans toute ma carrière de vendeuse, on m’a souvent dit « merci de votre gentillesse », on m’a parfois dit « merci de votre écoute », on m’a rarement dit « je ne reviendrais jamais » et on m’a dit une fois « la prochaine fois j’aimerais être servie par vous ».
Je ne l’ai jamais revue mais je m’en souviens encore, ça m’a mis de bonne humeur pour le reste du mois !