L’autre jour j’ai reçu une demande d’une enseignante pour savoir si je souhaitais venir faire une intervention auprès de sa classe. Mon mandat serait simple : donner aux élèves des pistes sur la façon d’aider les chats errants.
Après avoir dit oui je me suis rendu compte que j’avais oublié de demander une information capitale : l’âge desdits élèves. Sont-ils des mouflets qui pouffent de rire quand on dit « cacaboudin » ou au contraire des pré-boutonneux qui ne pense qu’à snapchatter leur dégoût pour l’école et qui vont me rire à la face? L’enseignante me rassure : ils ont 10 ans. Soit l’âge auquel j’ai commandé ma dernière Barbie pour Noël, ça devrait aller. J’ai néanmoins demandé les conseils d’une amie institutrice sur quoi faire pour ne pas me faire jeter des boulettes de papiers.
Le jour J, alors que j’entrais dans la classe, l’enseignante me demanda de bien m’assurer que tous comprenaient les mots compliqués. J’ai réalisé alors, en me dirigeant vers le tableau, que ma présentation était truffée de « dégriffer », « stériliser », « euthanasier » certains allaient malheureusement réaliser que leurs parents n’avaient peut-être pas amené leur chat/chien/rat/oiseau/escargot « à la campagne ».
Étant habituée à donner des formations à l’intérieur d’un programme pour adultes dont le tiers de l’assistance passaient 70% du temps les yeux rivés à leur téléphone, 20% à regarder par la fenêtre et 10% à sortir remettre de l’argent dans le parcmètre... j’avoue que j’étais un peu intimidé par ces 56 yeux qui me regardaient, attentifs, attendant que je parle.
Comme brise-glace j’avais prévu une entrée en matière avec un Lol cat. Ça aurait provoqué des sourires gênés et peut-être compatissants avec les adultes, mais ça a déclenché un vrai rire franc chez les enfants en face de moi. Ragaillardie, j’ai dispensé mes bons conseils sur les petites choses qu’ils pourront faire pour aider les chats des ruelles. Je sais que les nuits où il va faire très froid et que les enfants diront en pleurant à leurs parents « oui mais la dame, elle a dit que quand il faisait très froid on pouvait faire rentrer les chats errants chez nous » je vais m’en prendre plein la figure en me faisant traiter sans doute « d’ostie d’épaisse mangeuse de marde », mais j’assume.
A la fin de ma présentation, sur les conseils de la professeure, j’ai terminé sur une note plus ludique avec une activité pour construire une cabane pour chats. Il faut savoir une chose : je ne suis pas DU TOUT manuelle, Je me suis engagée à décorer le hall de mon immeuble pour Noël, ça s’est soldé par des guirlandes flasques sur les murs, des boules à hauteurs inégales le long des boîtes aux lettres et du ruban adhésif partout, partout… partout.
L’activité consistait à faire un trou dans une boite en polystyrène et l’envelopper d’un rideau de douche pour la rendre plus étanche et plus jolie. J’avais amené tout le matériel et j’ai dû choisir mes assistants parmi tous les doigts levés de la classe. Le cœur serré, j’ai sélectionné 4 élèves, soit 2 fois trop par rapport aux tâches à faire. N’ayant jamais orchestré d’activité manuelle je n’avais rien préparé et leur ai donné le rideau de douche d’1m 70 x 1m50 pour emballer une boite un peu plus grande qu’une boite à chaussure. Pendant ce temps je m’occupais de creuser le trou au cutter en faisant attention de ne pas éborgner l’enfant à ma gauche.
On a terminé sans faire de blessés. Est-ce que la cabane était moche? Oui. Est-ce que les enfants étaient contents? Oui.
Ça m'aurait presque donné envie de devenir enseignante.